CV : mensonge ou vérité ?

Parlons peu, parlons chiffres :

En 2015 en France, 1 employeur sur 3 vérifie la véracité des informations inscrites sur votre CV.
En France toujours, on estime à 70% la part de CV «embellis » et à 50% le nombre d’étudiants prêts à mentir pour trouver un bon job.

Pourquoi mentir ?

La réponse à cette question est relativement simple : On ment pour être embauché bien entendu. Mais on ment surtout parce que la concurrence est rude, en raison du déséquilibre entre l’offre et la demande en matière d’emploi.
La tentation est donc grande pour le candidat de mettre son éthique de côté, et de tenter le tout pour le tout, en créant de toutes pièces le CV qui collerait avec les attentes du recruteur, d’autant plus lorsque l’on a en tête les chiffres concernant la vérification des données par le recruteur.

Les mensonges les plus fréquents :

Les triches les plus classiques ont souvent rapport avec les compétences linguistiques. N’oubliez pas que si le poste nécessite un bon niveau d’anglais, d’allemand ou de mandarin, affirmer dans un CV que vous maitrisez cette langue ne sera pas suffisant, et vous risquez de passer un moment désagréable lors de l’entretien lorsqu’on commencera à vous parler dans une langue que vous ne comprenez pas.

Les diplômes obtenus sont au cœur du CV, et contribuent à sa valeur. Les postulants sont donc tentés de détourner cette information logiquement mise en avant, mais un recruteur est tout à fait en droit de vous demander une copie des diplômes que vous prétendez avoir décroché. De plus, avoir une vision à très court terme vous permettra peut-être d’intégrer l’entreprise, mais vous mettra dans une position très inconfortable lorsque vous aurez à mettre en pratique les compétences que vous avez surestimées.

Dans la même lignée, exagérer ses responsabilités, et ne pas faire de différence entre « participer à » et « être en charge de » est fréquent chez de nombreux candidats. Au même titre que rallonger la période de certains stages ou CDD, voire inventer des postes et des entreprises pour combler les éventuels trous dans un CV. Un recruteur aura vite fait de démasquer ces incohérences.

Néanmoins, tous les mensonges ne se valent pas. Par exemple, certains candidats omettent intentionnellement de préciser leur adresse, sous prétexte que l’employeur préfèrera un candidat déjà sur place. Il arrive également que certains postulants modifient leur CV, en particulier au niveau des passe-temps, pour les rendre plus « classiques ».

Les risques :

Falsifier son CV n’est pas anodin, et peut entrainer de fâcheuses conséquences.

Si la fraude est démasquée avant l’embauche, cela aura pour implication non seulement de vous « griller » de l’entourage professionnel que vous vouliez intégrer, mais éventuellement du secteur que vous convoitiez. Dans ce genre de milieu, l’information (surtout de ce type) va très vite et vous n’avez aucun moyen de l’interrompre.

Votre réputation professionnelle se verra entachée, et vous ferez partie de la liste noire des candidats à contacter sous aucun prétexte.
Qui voudrait d’un collègue mythomane dans son équipe ?

Si la triche est découverte une fois le contrat signé, mais que le postulant fait malgré tout son travail convenablement, il est très difficile pour l’employeur de se séparer de lui, d’autant plus que la faute lui incombe totalement car il aurait dû demander plus d’informations lors de l’entretien et faire en sorte d’obtenir tous les documents nécessaires. L’évolution au sein de l’entreprise risque tout de même d’être fortement ralentie.

A l’inverse, si l’incompétence de la personne fraîchement en poste est flagrante, l’entreprise est en droit d’entreprendre des poursuites pénales, et sera autorisé à effectuer un licenciement pour faute grave et lourde.
Les lois sont fondées sur le principe de capacité du candidat à exercer le poste auquel il a postulé.

Les parades des recruteurs :

Pour démasquer un profil falsifié, l’employeur est en droit de contacter les entreprises mentionnées dans le CV, les organismes de formations, de consulter les fichiers d’anciens élèves…

Le recruteur va également ne pas hésiter à taper votre nom dans le premier moteur de recherche à sa portée, et étudier votre présence sur les réseaux sociaux. Mauvaise nouvelle pour ceux qui ne soignent par leur e-réputation.

Toutes ces démarches sont chronophages, et des cabinets spécialisés, notamment pour les profils les plus sensibles, sont capable d’effectuer des vérifications concernant tous les critères mentionnés dans l’article. L’accord du candidat est nécessaire, car ce type de vérification touche à la vie privée de l’individu. Si le profil du postulant correspond à la réalité, nulle raison de s’inquiéter, sinon, mieux vaut croiser les doigts et espérer que les enquêteurs ne soient pas trop efficaces.

En bref :

Même si enjoliver son CV est souvent très tentant, les retombées négatives sont plus importantes qu’elles n’y paraissent. Le mieux reste d’opter pour la sincérité et la cohérence, entre les informations que vous donnez à travers votre CV, lettre de motivation, et les différents messages que vous transmettez sur les réseaux sociaux.

2 thoughts on “CV : mensonge ou vérité ?

  1. Bonjour,
    Vous avez raison de développer ce sujet, mais vous n’abordez pas la question de fond : celle de la discrimination. En l’occurrence celle du « trou dans le CV ». Au fond, chacun a le choix du risque : enjoliver (mentir)ou ne pas passer la barre du CV. Et on fait porter la responsabilité de la situation au candidat, alors qu’elle releve bien du recruteur. Si vous en avez le temps, lisez mes chroniques « Nous sommes tous des légumes moches! » sur FB, et la tribune sur le même sujet que je viens d’écrire pour http://positive-post.com/ en préparation du Forum Positive Economy. Et Si ça vous convainc, pourquoi pas un article sur le sujet ?
    Cordialement

    Merlin Voiforte

    toute l’actu sur Twitter @MerlinVoiforte

    1. Bonjour et merci pour votre commentaire. Comme vous le soulignez, la discrimination face au « trou dans le CV » est bien présente, et de nombreux recruteurs prennent ce facteur en compte dans leurs sélections de profils.

      Après lecture de votre chronique, il me semble que Place des talents s’inscrit totalement dans la démarche que vous soulevez dans le dernier point :

      Vous parlez d’outils alternatifs de sourcing, et d’outils de mesure du progrès, cela est en accord avec notre volonté de décloisonner le marché de l’emploi.

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