Harcèlement sexuel au travail : l’éveil tardif de la conscience collective

Depuis une bonne semaine, un mot est sur toutes les lèvres : Harcèlement. Avec les hashtags  #BalanceTonPorc et #Metoo ; la parole des femmes victimes de harcèlement sexuel au travail se libère et lève le voile sur ce sujet délicat.

Dans l’Hexagone, 3 millions de femmes sont harcelées sur leur lieu de travail, soit environ une sur cinq. Ce phénomène, longtemps évoqué à demi-mot éveille enfin les consciences. Depuis le lancement de ces hashtags, nous assistons à une vague de témoignages de victimes, qui jusque-là n’avaient pas forcément osé témoigner.

Chez Place des Talents, nous avons décidé de faire le point sur ce fait sociétal gardé depuis trop longtemps sous silence.

Qu’est-ce qui définit un cas de harcèlement sexuel au travail ?

Définition d’un harcèlement sexuel :

« Le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui :

  • – portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant,
  • – créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

Est assimilé au harcèlement sexuel toute forme de pression grave (même non répétée) dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte sexuel, au profit de l’auteur des faits ou d’un tiers.Dans le milieu professionnel, il y a harcèlement sexuel même s’il n’y a aucune relation hiérarchique entre vous et l’auteur des faits (entre collègues de même niveau, de services différents…) »

Quels sont les recours possibles ?

Dans le cas d’un harcèlement sexuel sur le lieu de travail, il est d’abord recommandé d’en parler à son entourage. Ensuite, il y a plusieurs possibilités :

  • La victime peut déposer plainte auprès de la gendarmerie, du commissariat de police ou par une lettre adressée au procureur de la république dans un délai de 6 ans après le dernier fait de harcèlement.
  • La victime peut attaquer son employeur en saisissant le conseil des Prud’hommes (secteur privé) ou le tribunal administratif (secteur public). L’employeur est attaquable, dans la mesure où il est le responsable de la sécurité de ses collaborateurs.
  • Il y a également d’autres possibilités qui peuvent venir appuyer une action en justice. La victime peut s’adresser aux syndicats de l’entreprise, d’associations, de la médecine du travail ou de l’inspection du travail.

Cependant même si des recours sont possibles, la réalité est bien différente. Avant l’affaire Weinstein*, une majorité de personnes avaient conscience de ces méfaits mais peu osaient en parler. D’ailleurs, la plupart des victimes s’abstiennent de dénoncer ces actes par crainte de ne pas être écoutées, prises au sérieux ou encore par peur des conséquences pour leur carrière.

Les chiffres en témoignent : Seuls 3 cas de harcèlement sur 10 ont été rapportés à la direction ou à l’employeur et seulement 5% des cas ont été portés devant la justice.

Mais la balle est en train de changer de camp. La prise au sérieux de l’affaire Weinstein, par la justice, les médias et le milieu professionnel a libéré la parole. Les victimes de harcèlements au travail osent enfin témoigner.

Avec cette mobilisation grandissante sur les réseaux sociaux avec les hashtags #Metoo et #BalanceTonPorc ; le gouvernement ne pouvait rester insensible à ces actes sexistes. Marlène Schiappa (secrétaire d’État à l’Égalité femmes/ hommes) en collaboration avec Nicole Belloubet (ministre de la justice) ; préparent pour 2018 un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles.

On espère que cette prise de conscience, appuyée par le gouvernement changera les mentalités et tendra à une meilleure parité femme/ homme dans le monde du travail.

 

Le Harcèlement sexuel au travail en quelques chiffres (source IFOP) :

  •  1 femme sur 5 a dû faire face à une situation de harcèlement sexuel dans sa vie professionnelle

  •  Dans 4 cas de harcèlement sexuel au travail sur 10 c’est un collègue qui en est à l’origine

  • • Dans 2 cas de harcèlement sexuel au travail sur 10 c’est un l’employeur qui en est à l’origine

  •  Lorsqu’une personne est victime de harcèlement sexuel au travail, dans 3 cas sur 10 elle était en situation d’emploi précaire

  •  1 victime sur 2 estime que le harcèlement sexuel est/était plutôt courant sur le lieu de travail

  •  3 victimes sur 10 ne se sont confiées à personne

  •  Pour 4 victimes sur 10 la situation de harcèlement sexuel s’est terminée à leur détriment

* réalisateur américain accusé de harcèlement sexuel, d’agression et de viol par de nombreuses actrices

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