Interview réalisée par Simon Boulery
Quel est votre parcours ?
Concernant ma formation initiale : j’ai fait l’Ecole Nationale des Beaux-Arts. Je n’étais à l’époque pas très déterminé dans mon futur et j’avais besoin de faire des expériences. A l’issue de cette formation, j’ai intégré une école spécialisée dans le design industriel, qui m’a amené dans le monde de la lunetterie. J’ai donc commencé en tant que dessinateur maquettiste.
J’ai ensuite été approché (c’est comme ça que j’ai découvert la profession de chasseur de tête) par une société allemande voulant diffuser leurs marques en France. J’ai donc découvert la partie marketing, produit, pré-industrialisation, industrialisation. J’ai finalement eu la chance de faire plusieurs écoles, commerce, ingénieur production, etc… sur le tas !
A l’issue de ces 8 années passées dans ce groupe, dans lequel j’ai progressé rapidement, j’avais envie de changer de projet professionnel. J’ai rencontré 3 professionnels, qui m’ont tous conseillé de créer ma propre structure, notamment dans le conseil car j’avais les aptitudes nécessaires. Cela a donné naissance à mon 1er cabinet, en 1988. Je l’ai spécialisé dans le domaine de compétence que je maîtrisais le mieux, le recrutement des forces de vente .Le choix de spécialiser le positionnement de mon activité de conseil sur ce créneau a porté ses fruits. Crédibilité et notoriété, ont permis le développement du cabinet et évoluer en effectif (de 1 à 15 salariés) sur un marché très concurrentiel.
Pour assurer le bon démarrage commercial de l’activité, dès sa création en 1988, je me suis associé à un consultant dijonnais, expert en formation, qui me prescrivait auprès de ses clients pour le recrutement et moi je le prescrivais en tant qu’intervenant en formation. A son départ en retraite, j’ai repris son activité de formation pour donner un coup de pouce à l’activité de formation naissante du cabinet.
Par la suite, l’évolution du cabinet s’est faite aussi par l’acquisition de compétences permettant de diversifier les prestations proposées sur le marché, bilan de compétences, bilan de carrière, out placement et bien sûr consolidation de l’activité de formation.
Quels sont les principaux changements que vous avez pu voir dans votre carrière en matière de recrutement ?
Selon moi, il y a eu un changement majeur. Jusqu’au changement de législation et la mise en place de la Loi Sapin, Pôle Emploi et les cabinets généralistes tenaient le marché du recrutement en France.
Parallèlement à la montée en puissance d’internet, les sociétés d’intérim ont pu faire du recrutement. Elles avaient deux avantages considérables du fait de leur piquetage géographique très vaste, et des moyens informatiques colossaux. Leur capacité de traitement de données permettait à plusieurs centaines d’agences de travailler de concert sur une base de données, ce qui était bien plus rapide que la presse ou l’utilisation de jobboards.
Cette évolution a été néfaste pour les cabinets généralistes : les majors de l’intérim ont pris des parts de marché considérables, très rapidement, tout en pratiquant une politique tarifaire très agressive en comparaison des cabinets généralistes (quasiment du simple au double).
Cette évolution s’opère principalement entre 1998 et 2006. Quasiment à la même période, le monde du recrutement est devenu beaucoup plus connecté, (la part d’internet) et une partie de la prééminence du rôle du consultant en recrutement en tant qu’intermédiaire a petit à petit disparu.
L’avenir, n’est donc plus aux cabinets de type généraliste, Je vois l’avenir de la profession évoluer vers deux types de configuration. D’une part, les micros-structures hyper spécialisées proposant des prestations sur mesure, un positionnement plus conseil et développement stratégique, privilégiant le contact (face to face) avec des consultants capables d’apporter une réelle valeur ajoutée dans le processus d’optimisation des moyens et humains et techniques, voire financiers, des entreprises clientes.
D’autre part, des mastodontes, généralistes (le prêt à porter du conseil), dans le traitement de données,( traitement de l’information) évoluant en proposant au public comme aux entreprises un service (formaté/ packagé) par le biais de plateformes de plus en plus interactives privilégiant les échanges et les dispositifs permettant au public de s’auto-évaluer, voire de se pré-positionner sur le marché du recrutement, mais aussi de former à distance.(@Learning ).
Y-a-t-il eu une évolution du comportement des candidats ? En quoi est-il différent aujourd’hui ?
Je n’ai pas vu d’évolution spécifique de leur comportement. Le comportement est directement lié à l’offre et la demande :
Quand l’offre est très importante, les candidats sont plus à l’écoute et moins conditionnels. Il faut s’imaginer 2 courbes inversées : lorsqu’il y a beaucoup de poste à pourvoir il y a peu de candidats, et lorsque les postes se font rares, il y a pléthore de candidats.
Une des différences notoires concerne la façon de mener des entretiens, ceci est aujourd’hui beaucoup plus réglementé. L’évolution principale des candidats concerne donc ce point : ils ont tendance à mieux connaitre leurs droits, et les informations à caractère personnel le restent la plupart du temps.
Quels outils utilisez-vous dans le cadre de vos recrutements ?
J’ai utilisé pendant quelques temps des tests psychotechniques ayant une bonne prédictivité. Ce sont les seuls outils que j’ai trouvé fiables dans ma carrière. Je préfère aujourd’hui ne pas utiliser d’outil que je ne considère pas comme étant valide. J’ai aujourd’hui un process de recrutement, via un pré-entretien téléphonique et un entretien très fouillé, qui me permet d’étayer mon diagnostic.
La vérification des antécédents au travers de prises de référence est pour moi également très important. Il est primordial d’avoir l’avis de personnes ayant connu le candidat dans un environnement professionnel.
Les entreprises sont-elles plus exigeantes aujourd’hui ? Quelles compétences sont les plus recherchées / privilégiées ?
Les entreprises sont toujours aussi exigeantes. Les profils que l’on me confiait dans les années 1980 étaient tout aussi pointus qu’aujourd’hui.
Il y a effectivement des tendances de métiers en attente de compétence, essentiellement dans les nouvelles technologies, selon moi. On remarque une forte demande concernant ces nouvelles technologies : numériques, web, dématérialisation… Autrement, il s’agit essentiellement de coup par coup, indépendamment du marché du bâtiment, des CHR ou de l’industrie de la finance et de l’assurance qui est toujours en phase de recrutement.
En bref :
La principale qualité d’un recruteur ?
L’écoute et l’humilité.
Votre meilleur souvenir professionnel ?
Avoir pris un marché de chasse à un gros cabinet parisien pour un poste dans une multinationale de l’emballage, alors que je débutais dans l’activité, mon cabinet avait 8 mois d’existence.
Le pire ?
Une mission de chasse relativement difficile dans le secteur bancaire. Le candidat a pris contact directement avec l’entreprise après avoir été approché. Ils se sont arrangés et ont fait en sorte de ne pas avoir à régler ma prestation.
Un autre métier ?
Architecte
Une devise ?
Jamais aucun a priori.
Pour aller plus loin : www.duparc-management.com
Commercial chez Altagile, je suis en charge des relations entreprise. Je m’intéresse aux solutions de recrutement innovantes et au recrutement 3.0
Bonjour
Très bon article
Merci d’avoir partagé ton point de vue